SOMMAIRE
JURISPRUDENCE AIDES D’ÉTAT : La Cour de justice confirme l’annulation partielle d’une décision constatant l’absence d’aide d’État en dépit de difficultés sérieuses concernant la question de savoir si des garanties publiques pouvaient être qualifiées d’aides de minimis
JURISPRUDENCE AIDES D’ÉTAT : Le Tribunal de l’Union confirme que la Commission pouvait, en l’absence de difficultés sérieuses, déclarer le dispositif danois d’aides à la presse écrite compatible avec le marché intérieur sans ouvrir de procédure formelle
INFOS UE : La Commission européenne lance une nouvelle consultation publique sur la révision du règlement concentrations, à la faveur de laquelle serait abordée la question de l’efficacité des seuils de contrôlabilité en chiffre d’affaires pour appréhender certaines opérations dans le secteur de l’économie numérique ou de la pharmacie
INFOS AIDES D’ÉTAT : La Commission soumet pour la seconde fois à consultation publique son projet d’extension du règlement général d’exemption par catégorie (RGEC) de 2014 aux aides en faveur des ports et des aéroports, marqué par un assouplissement des conditions d’exemption
INFOS : L’Autorité de la concurrence suggère au ministre de la justice une première ouverture limitée de la profession d’avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation
INFOS : À la suite de ses auditions par les Commissions des affaires économiques de l’Assemblée nationale et du Sénat, Isabelle de Silva, adoubée par le Parlement pour devenir le prochain président de l’Autorité de la concurrence
INFOS : Isabelle de Silva nommée présidente de l’Autorité de la concurrence
INFOS : Mise en ligne d’un dossier thématique consacré à la jurisprudence administrative relative aux autorités administratives indépendantes chargées de missions de régulation économique
INFOS OUVRAGES : « Droit de la concurrence – Droit interne et droit de l’Union européenne » de André et Georges Decocq, 7e édition
INFOS : Lancement d’une application pour smartphones destinée à accompagner les entreprises visitées par une autorité de concurrence [message de Frédéric Puel]
JURISPRUDENCE AIDES D’ÉTAT : La Cour de justice confirme l’annulation partielle d’une décision constatant l’absence d’aide d’État en dépit de difficultés sérieuses concernant la question de savoir si des garanties publiques pouvaient être qualifiées d’aides de minimis
L’annulation prononcée par le Tribunal était seulement encourue en ce que la Commission avait conclu que les garanties publiques octroyées par le Land Hessen ne constituent pas des aides d’État au sens de l’article 107, paragraphe 1, TFUE. Au cas d’espèce, les deux garanties litigieuses avaient été accordées sur le fondement des lignes directrices du Land Hessen concernant l’octroi des garanties pour le secteur industriel. Ces lignes directrices prévoyaient explicitement que l’élément d’aide des garanties octroyées par les autorités du Land Hessen à des entreprises qui ne sont pas en difficulté s’élève à 0,5 % du montant garanti et que, par conséquent, les garanties octroyées à de telles entreprises et portant sur un montant jusqu’à 20 000 000 euros constituent des aides de minimis relevant du champ d’application du règlement n° 69/2001.
En substance, le Tribunal avait considéré que la Commission ne pouvait, au cas d’espèce, se priver d’ouvrir la procédure formelle d’examen prévue à l’article 108, paragraphe 2, TFUE. En premier lieu, les garanties litigieuses ne pouvaient pas être octroyées sur le fondement des lignes directrices du Land Hessen et ne relevaient donc pas d’un régime d’aides autorisé par la Commission, puisque, à la date de leur octroi (décembre 2006), les lignes directrices susmentionnées du Land Hessen n’avaient pas été notifiées à la Commission et n’avaient pas, dès lors, fait l’objet d’une décision d’autorisation de celles-ci. Et dès l’instant où les garanties litigieuses ne relevaient pas d’un régime d’aides autorisé, elles devaient être examinées à l’aune de l’article 107, paragraphe 1, TFUE. Ce que la Commission s’était abstenue de faire s’estimant en présence d’aides de minimis. Or, à partir de l’année 2000, la communication sur les garanties faisait partie du cadre juridique à l’aune duquel la Commission devait apprécier les garanties ne relevant pas de régimes autorisés, comme le dispositif litigieux. Et le Tribunal de conclure sur ce point que l’absence d’examen par la Commission de la légalité de l’utilisation du taux de 0,5 % du montant garanti pour déterminer l’élément d’aide des garanties litigieuses à l’aune de la communication de 2000 sur les garanties constitue une indication de l’existence de difficultés sérieuses concernant la question de savoir si les garanties litigieuses pouvaient être qualifiées d’aides de minimis. L’existence de telles difficultés aurait dû conduire la Commission à l’ouverture de la procédure formelle d’examen.
Sur le deuxième moyen, tiré de la méconnaissance du caractère objectif de la notion d’« aide d’État », la Cour approuve le Tribunal d’avoir constaté que les garanties accordées à la bénéficiaire ne relevaient pas d’un régime d’aides autorisé par la Commission, puisque, à la date où ces garanties ont été accordées, les lignes directrices du Land de Hesse, qui prévoient l’utilisation de la méthode 0,5 %, n’avaient pas été notifiées à la Commission et n’avaient, dès lors, pas fait l’objet d’une décision d’autorisation de celle-ci
(pt. 44).Pour le reste, la Cour estime que le Tribunal n’a violé ni le principe d’égalité de traitement, dans la mesure où, non seulement le Tribunal n’a pas considéré que la méthode 0,5 % n’était applicable que dans le cadre des régimes d’aides autorisés, de sorte qu’il n’a pas établi une distinction entre les aides accordées dans le cadre de régimes approuvés et celles ne relevant pas de tels régimes
(pt. 55), mais où, au surplus, la différence de traitement soulevée par le Land de Hesse correspond à une différence de situation objective (pt. 56), ni le principe de confiance légitime, dès lors que la lettre de la Commission du 11 novembre 1998, dans laquelle la requérante croyait déceler une préconisation en faveur de l’utilisation par la Commission de la méthode 0,5 % s’inscrivait dans un contexte particulier et que les limitations temporelles de l’acceptation de l’utilisation de la méthode 0,5 %, prévues dans cette lettre, étaient rédigées en des termes imprécis.
JURISPRUDENCE AIDES D’ÉTAT : Le Tribunal de l’Union confirme que la Commission pouvait, en l’absence de difficultés sérieuses, déclarer le dispositif danois d’aides à la presse écrite compatible avec le marché intérieur sans ouvrir de procédure formelle
Søndagsavisen A/S, entreprise danoise active dans le secteur de la presse écrite, qui publie le principal journal gratuit du pays, lequel est entièrement financé par les recettes publicitaires, a introduit un recours contre la décision du 20 novembre 2013. À la faveur de cette décision, la Commission avait considéré que, si le dispositif constituait bien une aide d’État, au sens de l’article 107, paragraphe 1, TFUE, il était compatible avec le marché intérieur sur le fondement de l’article 107, paragraphe 3, sous c), TFUE et, partant, elle a décidé de ne pas soulever d’objections à l’encontre dudit régime d’aides.
La requérante, qui ne contestait le bien-fondé de la décision attaquée, faisait grief à la Commission d’avoir violé les droits procéduraux qu’elle tire de l’article 108, paragraphe 2, TFUE. Plus précisément, elle lui reprochait de n’avoir pas ouvert la procédure formelle d’examen en dépit, selon elle, de l’existence de difficultés sérieuses.
INFOS UE : La Commission européenne lance une nouvelle consultation publique sur la révision du règlement concentrations, à la faveur de laquelle serait abordée la question de l’efficacité des seuils de contrôlabilité en chiffre d’affaires pour appréhender certaines opérations dans le secteur de l’économie numérique ou de la pharmacie
Les quatre points sur lesquels porte la consultation sont les suivants :
La principale question débattue est celle de l’efficacité des seuils de contrôlabilité en chiffre d’affaires. De fait, pour déterminer les opérations de dimension européenne, le règlement sur les concentrations de l’UE applique uniquement des seuils de chiffre d’affaires. À la suite de la consultation publique sur le Livre blanc, un débat a émergé sur l’efficacité de ces seuils basés sur les seuls chiffres d’affaires, et en particulier sur leur capacité à appréhender toutes les transactions qui peuvent potentiellement avoir un impact sur le marché intérieur, spécialement dans l’économie numérique. Dans ce secteur, des services sont régulièrement lancé pour constituer une large base d’utilisateurs, et ce, avant qu’un modèle d’affaires soit déterminé et puisse permettre de générer des revenus importants. De plus, les modèles d’affaires en cause peuvent impliquer la formation de stocks de données ayant une valeur commerciale sans générer de chiffre d’affaires correspondant (au moins dans un premier temps). Par conséquent, les acteurs de l’économie numérique peuvent acquérir un pouvoir de marché considérable, mais ne génèrent que peu de chiffre d’affaires au moment où la contrôlabilité de l’opération doit être établie aux fins du contrôle des concentrations européen. L’acquisition de ces sociétés à faible chiffre d’affaires est susceptible de ne pas être appréhendée au regard des exigences de notification actuelles, même dans les cas où la société acquise joue déjà un rôle concurrentiel, détient des données ayant une valeur commerciale importante, ou dispose déjà d’un potentiel de marché considérable pour autres raisons. Par conséquent, il a été suggéré de compléter les seuils existants à base de chiffre d’affaires juridictionnelles du règlement sur les concentrations de l’UE par les exigences de notification supplémentaires en fonction de critères alternatifs, tels que la valeur transactionnelle de l’opération de concentration. Ce vide juridique peut être identifier non seulement en ce qui concerne l’industrie numérique, mais aussi à propos d’autres secteurs de l’industrie, tels que celui des produits pharmaceutiques.
Sur ce point, la consultation publique vise à évaluer dans quelle mesure des seuils uniquement basés sur le chiffre d’affaires sont de nature à permettre d’appréhender toutes les concentrations qui peuvent avoir un impact sur la concurrence dans le marché intérieur.
Les autres questions abordées lors de la consultation publique sont :
— Le traitement de certaines catégories d’affaires qui généralement ne soulèvent pas de problèmes de concurrence. La question ici est de savoir si les mesures de simplification adoptées en 2013 ont contribué à la réduction de la charge (en termes de charge de travail et de ressources dépensées) engagés par la Commission et les entreprises pour le traitement de ces affaires généralement non problématique et s’il est possible à présent d’aller au-delà et de réduire encore le fardeau administratif sans affecter l’efficacité du contrôle des concentrations de l’UE.
— Le fonctionnement des mécanismes de renvoi des affaires tels que prévus dans le règlement sur les concentrations de l’UE, et son règlement d’exécution. La consultation publique vise à valider les conclusions du Livre blanc et de la consultation publique de 2014 quant à l’efficacité du système de renvoi des affaires prévu par le règlement sur les concentrations de l’UE.
— Enfin, elle porte sur certains aspects techniques du cadre procédural et d’enquête pour le contrôle des concentrations.
En revanche, il n’y est pas question du contrôle des acquisitions de participations minoritaires non contrôlantes, qui avait tant suscité de réactions à l’occasion de la publication du livre blanc.
INFOS AIDES D’ÉTAT : La Commission soumet pour la seconde fois à consultation publique son projet d’extension du règlement général d’exemption par catégorie (RGEC) de 2014 aux aides en faveur des ports et des aéroports, marqué par un assouplissement des conditions d’exemption
En outre, la Commission a élargi le champ d’application des dispositions relatives aux très petits aéroports. La Commission propose à présent d’inclure les aéroports accueillant un maximum de 150 000 passagers par an (contre 50 000 dans la première version). Elle propose également de faciliter les investissements publics dans ces aéroports en simplifiant davantage les critères à respecter, par exemple en ce qui concerne le montant maximal de l’aide d’État pouvant être accordée.
Les personnes intéressées sont invités à présenter leurs observations jusqu’au 8 décembre 2016. La Commission entend adopter la version finale du règlement au cours du premier trimestre de 2017.
Les objectifs de l’initiative de ce jour et la procédure suivie sont expliqués plus en détail dans la feuille de route.
Le projet de règlement modifié est disponible ICI et toutes les informations relatives à la consultation publique sont disponibles LÀ.
INFOS : L’Autorité de la concurrence suggère au ministre de la justice une première ouverture limitée de la profession d’avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation
En Premier lieu, elle y formule à l’attention du ministre de la justice d’une part une recommandation concernant la création du nombre — quatre d’ici 2018 pour cette première analyse du secteur qui devra être renouvelée au moins tous les deux ans,
soit une augmentation d’environ 7 % — d’offices qui apparaissent nécessaires pour assurer une offre de services satisfaisante au regard des exigences de bonne administration de la justice et de l’évolution du contentieux devant ces deux juridictions. Cette augmentation de 7 % du nombre des offices peut paraître modeste pour une profession dont l’Autorité estime qu’elle bénéficie d’une véritable rente de situation essentiellement tirée du monopole de la représentation des justiciables devant les hautes juridictions des ordres administratif et judiciaire qui leur est reconnu, d’autant que le potentiel d’accroissement du nombre des offices est réel. L’Autorité a cependant dû tenir compte d’une part du nombre très limités de candidat potentiel à l’installation en tant qu’avocat aux Conseils et d’autre part de l’évolution incertaine du volume du contentieux devant le Conseil d’État et la Cour de cassation sur longue période : ce contentieux est en léger repli en dépit de l’avènement de la QPC. Les incertitudes sont par ailleurs renforcées par les projets de réformes, notamment sur le filtrage des pourvois, envisagées au sein de la Cour de cassation.Elle y formule en outre
13 recommandations pour améliorer l’accès aux offices et abaisser les barrières à l’entrée des futurs candidats à l’installation. Parmi celles-ci figurent :— l’allongement du délai de dépôt des candidatures relatives à la création d’offices et une plus grande transparente de la procédure de classement des candidats aux offices créés ;
— la réduction des barrières à l’entrée pour ces candidats, notamment en matière de formation et de publicité ;
— la nécessité de mieux faire connaître la profession aux étudiants en droit et aux avocats à la Cour, afin d’élargir le vivier des futurs candidats à l’installation ;
— la nécessité d’améliorer l’accès des femmes aux offices, en renforçant les dispositifs permettant de mieux concilier vie professionnelle et vie privée.
Pour le surplus, je vous renvoie à la lecture du communiqué de presse de l’Autorité.
INFOS : À la suite de ses auditions par les Commissions des affaires économiques de l’Assemblée nationale et du Sénat, Isabelle de Silva, adoubée par le Parlement pour devenir le prochain président de l’Autorité de la concurrence
À la suite de l’annonce par l’Élysée que le président de la République envisageait de la nommer présidente de l’Autorité de la concurrence, Mme Isabelle de Silva a été entendue le mercredi 12 octobre 2016, en application du cinquième alinéa de l’article 13 de la Constitution, d’abord par la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale à 9h30, puis par la Commission des affaires économiques du Sénat à 11h15. Son examen de passage a été concluant puisqu’aussi bien la représentation nationale a approuvé sa nomination à ce poste.
Que retenir de ces auditions ?
L’exercice, finalement assez convenu, sans déclaration tonitruante, vise essentiellement à rassurer les parlementaires sur la capacité du candidat à exercer les fonctions pour lesquelles il est pressenti. Il s’agit donc de faire montre d’une maitrise suffisante des dossiers, de réciter sa profession de foi en faveur d’une concurrence par les mérites, outil de la modernisation de la société et élément d’attractivité pour l’économie française, de rappeler le rôle éminent assigné à l’institution, d’évoquer les relations nourries que cette institution entretient avec les institutions européenne, notamment au sein du REC, avec les institutions internationales, notamment au sein de l’ECN, mais aussi avec le Parlement, avec le ministère de l’économie et la DGCCRF, et plus largement avec le monde économique et de l’entreprise, sans oublier de prononcer un vibrant hommage au prédécesseur méritant…
Au cas présent, ces auditions ont aussi permis de découvrir un visage et une personnalité, peu connus même du cercle restreint des spécialistes de la matière.
Dans cet exercice convenu, Mme Isabelle de Silva s’est indéniablement montrée à la hauteur de l’enjeu.
Après un rapide rappel de son parcours marqué par une formation en gestion de l’entreprise, puis par son entrée au service de l’État, Isabelle de Silva a dressé un panorama des principales missions de l’Autorité (contrôle des concentrations, répression des pratiques anticoncurrentielles, mission consultative, coopération internationale), puis a fait part aux parlementaire de plusieurs convictions :
En résumé : « Moi présidente, je m’attacherai à poursuivre l’action entreprise ».
INFOS : Isabelle de Silva nommée présidente de l’Autorité de la concurrence
INFOS : Mise en ligne d’un dossier thématique consacré à la jurisprudence administrative relative aux autorités administratives indépendantes chargées de missions de régulation économique
Ce dossier présente les différentes catégories de recours portés devant le juge administratif dans le cadre de son contrôle de l’activité des autorités de régulation économique (1), les principales caractéristiques de l’office du juge en la matière (2) et fait une revue – non exhaustive – des grands principes régissant l’intervention des autorités de régulation économique dégagés par sa jurisprudence (3).
INFOS OUVRAGES : « Droit de la concurrence – Droit interne et droit de l’Union européenne » de André et Georges Decocq, 7e édition
Vous trouverez une brève présentation de l’ouvrage sur le site web de l’éditeur, la LGDJ.
Lancement d’une application pour smartphones destinée à accompagner les entreprises visitées par une autorité de concurrence
Le Cabinet FIDAL lance « Antitrust alert by FIDAL», application mobile inédite ayant vocation à accompagner les entreprises visitées par une autorité de concurrence (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, Autorité de la concurrence ou Commission européenne) en déroulant la marche à suivre et en fournissant les premiers réflexes à adopter. Disponible en français et en anglais à partir d’aujourd’hui, l’application, compatible avec les smartphones Androïd et iPhone, est téléchargeable gratuitement sur les stores.
Bien cordialement,
Frédéric Puel
Avocat associé